Hommage

DIX ANS DÉJÀ

Retour sur la journée d’étude du 6 décembre 2024

Depuis la disparition de Jacques Barrot, journalistes et politiques s’ingénient curieusement de temps à autre à transformer la vision politique de feu mon époux en centriste. Cela fait 10 ans que j’observe cette façon de faire.

C’est pourquoi il est temps de remettre les choses dans leur juste perspective. Mon devoir de mémoire m’oblige. Jacques avait rompu tout contact avec le président du MoDem en 2012 après sa consigne de voter pour François Hollande. Car comme Simone Veil, il savait parfaitement à qui il avait à faire.

Quant à ses amis de l’UDI, il aimait leur déclarer : « Mes chers amis, est-ce bien raisonnable de vouloir construire le centre sans la droite ! »

D’autre part, qui pourrait nier qu’en 2002, Jacques Barrot était devenu président du groupe de l’UMP à l’Assemblée nationale.

Ce 6 décembre 2024, invitée par un mail reçu in extremis, je me suis rendue à cette journée d’étude, Jacques Barrot, un démocrate-chrétien d’un siècle à l’autre (1937-2014), en l’honneur de mon époux au Palais Bourbon pour les dix ans de sa disparition sous l’égide de la fondation Schuman.

A mon arrivée, Christophe Bellon, qui venait avec Nicolas Blain dîner chez nous à Neuilly chaque semaine à la fin de la rédaction du dernier livre de Jacques et co-auteur de « De l’indignation à l’engagement », m’invita à trouver une place parmi les deux cent sièges de l’hémicycle de la salle Colbert comme n’importe quel participant à cet hommage. Je me rangeais à cette demande, amusée, d’autant que je l’avais prévenu de ma venue.

Visiblement la présence de la veuve de Jacques Barrot était embarrassante. J’ai assisté à ce que j’ai ressenti comme une main mise par le MoDem de la mémoire de feu mon époux comme si Jacques Barrot avait été centriste lors de sa disparition, le 3 décembre 2014.

Dans « De l’indignation à l’engagement », il parle d’humanisme chrétien et le voilà d’un coup de baguette magique transformé en démocrate chrétien à la soupe de la démocratie chrétienne du Modem. Pour paraphraser Jacques « Tout ceci n’est ni bien convenable, ni bien raisonnable. »

Pour mémoire, le Président du MoDem avait déclaré lors de la disparition de Jacques avoir garder un souvenir ému de leur première rencontre au CDS. Cela n’a rien de bien étonnant puisqu’il avait alors 25 ans. Et si ce quatrième premier ministre de l’année 2024 est toujours resté fidèle à ses engagements politiques de centriste, qu’il souffre que d’autres puissent préférer évoluer dans leurs convictions politiques.

En outre, si mon beau-fils, Jean-Noël Barrot a tout à fait le droit d’être dans le parti de son choix, il ne peut cependant selon moi, faire laisser entendre sur LCI qu’il serait au Modem dans le sillage politique de cet homme de Bien et d’État qu’était Jacques Barrot.

Et c’est en ce sens que j’ai dû envoyé un mail à Monsieur Darius Rochebin début novembre 2024 interpellée par sa dernière question à mon beau-fils puisque cet éminent journaliste qualifia Jacques Barrot de centriste comme si la position politique des 15 dernières années de la vie de mon époux n’existait plus.

Sa longue expérience politique lui avait permis de comprendre au début des années 2000 que le centre était une sorte, je cite son expression « de miroir aux alouettes ». Comment ne pas lui donner raison en cette fin d’année 2024 avec la gravité de la crise gouvernementale actuelle qui perdure.